Je me suis réveillée dans ce monde si vaste. Je me suis réveillée ici sans même savoir pourquoi. Je me suis réveillée ici, sans aucune raison. J'étais alors un corps flottant dans le vaste néant, une créature bien trop complexe pour la simplicité du vide qui m'entourait. Je n'avais conscience d'aucune chose si ce n'est du silence, un silence plus profond encore que celui du désert. Je me trouvais là seule, rien entre les mains mais tout à réaliser. Je n'en avais pas encore conscience, mais un monde dénué de vie existe pour être fondé. Un monde qui s'étend à l'infini attend de devenir le réceptacle d'idées fusantes dans les esprits des plus aiguillés. Seulement moi je n'étais pas de ce monde. Moi je venais de naître dans un endroit paisible, et je n'aurai laissé pour rien au monde la création détruire cette perfection. J'aimais ce monde comme on aime ses parents, d'un amour profond mais variable. Cet espace était la première personne que j'avais aimée, cet endroit où lumière et ténèbres cohabitent dans une harmonie complètement relative. Que voulez-vous, on désire changer uniquement ce qu'il ne nous convient pas. Or dans ce nouveau monde tout allait. Je ne voulais plus de terre sur laquelle tenir debout, je rêvais de voler au-dessus de tous ceux qui s'obstinent à rester encrés sur terre.

    J'étais donc ici. Je me sentais léviter dans ce que ma mémoire se souvenait être l'espace, le vrai, le véritable. Il n’y a nul besoin de s'attarder dans des idées farfelues comme l'espace-temps, ces choses-là. Il s'agissait bien là de l'espace au sens propre du terme, celui que l'on nous enseignait à l'école avec ses étoiles, ses planètes, ses galaxies... Dans toute sa splendeur. Je flottais donc ainsi, dans un calme absolu, sans avoir le corps couvert de quelconque protection. Je respirais dans un environnement dépourvu d'oxygène, ou du moins d'une quantité suffisante. Mes membres ne pouvaient se mouvoir, quoi que je n'y mis pas toute ma détermination non plus. Je pensais tout d'abord à un rêve, oui un rêve pour le moins statique. Pourtant tout me paraissait bien réel, comme si je venais véritablement de naître à nouveau. Je me sentais au-dessus de tout. Même dépourvu de tout équipement, je surplombais l'immensité de l'univers à moi seule. J'étais comme une enfant voulant monter toujours plus haut et venant d'atteindre les sommets.

    Aucune question ne me vint d'abord en tête, je vivais cet instant comme une normalité ahurissante. Puis me vinrent quelques souvenirs, les souvenirs d'un monde ancien pour mon esprit, mais bien contemporain pour moi-même. Un monde différent de la Terre en elle-même ou des sociétés qui la composent. C'était un monde de tension pesante, où peurs et colère chantaient à l'unisson. Je les sentais vibrer là, dans mon cœur que ma conscience rendait plus fragile encore que celui des autres êtres humains. Je ressentais ces chants d'horreur, mais ils me paraissaient bien lointains. Car quand j’ouvrais mes paupières et que j'observais mes mains du coin de l’œil, je me sentais capable de reconstruire à moi seule un monde nouveau que le silence parfait venait de débuter pour moi.

    Dans ce monde il y aurait beaucoup de protagonistes, ou devrais-je dire des figurants. Ils déambuleraient sans but comme j'ai pu le faire moi-même, et ne serviraient qu'à remplir ce décor colossal. Ils seraient comme des étoiles, juste bon à être vu. Il y en aurait d'autre pourtant qui sortiraient du lot, et desquels ce monde aurait besoin pour tenir debout. Très peu, oui, il y en aurait très peu. Mais ne faut-il pas à notre galaxie seulement huit planètes pour se former elle-même en chef d’œuvre. Et au milieu de tout cela se trouverait un soleil, le plus beau, le plus grand, le plus brûlant des soleils. Il serait le centre de tout, il brûlerait sans cesse, il serait le centre de l’équilibre parfait de ce nouveau monde fabuleux. Il y régnera une paix presque utopique, où la peur s'en serait allée plus loin dans les abîmes du néant. Si ce monde pouvait exister, j'aimerais y vivre jusqu'à la fin des temps, j'aimerais qu'il n'appartienne qu'à moi et à ceux qui ont déjà pu y entrer. Mais je ne suis qu'une étoile filante, si petite et si insignifiante face à cette étendue infinie. Et pourtant dans ce nouveau monde, j'éclairerais les planètes de ma lumière éphémère, je me brûlerais aux rayons du soleil ardent, et sans doute que jamais plus je ne verrais un beau monde s'écrouler devant moi. L'étoile que je suis s’avança alors dans le vide, et de ses mains créa le nouveau monde à son image.

~ Merci de respecter mes écrits de piètre envergure sans les plagier. Bon en même temps qui le voudrait mais onne sait jamais.