SailorFuku est un jeu de mode où tu incarnes une jeune lycéenne, dans la ville de SailorCity, au Japon.
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    le 26/01/2014 à 19:07

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    Modifié le 19/02/2014

    Une demande de correction orthographique a été introduite pour ce chapitre. Sa lecture recommande de l'indulgence.


    Arlanfel, Voleur de Vies - Partie 1, L'Alliance

    Résumé : Cinq passeront, et le Sang du Premier en quatre sera partagé.
    Force, Instinct et Voyance seront donnés aux Trois,
    Le Voleur de Vie avec eux reviendra
    Bien plus puissant que ne l’aura été le Premier
    Et la dette pourra être payée
    Car la porte du Monde la mère lui ouvrira 

    Chapitre 1 - Notre Monde


    - Je vais avoir 0 à cause de toi ! S’énervait Nicolas comme un abruti. Et le directeur veut me voir. T’es chiant. Tu le sais ça ? T’es un connard. Tu te crois meilleur que tout le monde parce que t’es intelligent, c’est ça ? Hey, je te parle !

    Andrew venait de tourner les talons pour partir. Nicolas, en gros balaise qu’il était, l’attrapa par le bras et le tira vers lui.

    - Tu vas pas t’en tirer comme ça, connard.

    - Tu me donnes mal à la tête, lâche-moi, grogna Andrew.

    - Mais ta gueule !

    Nicolas leva le bras, et lui asséna un coup de poing en pleine figure. Andrew, sonné, tomba au sol en se tenant le nez, dont le sang coulait à flot. Nicolas éclata de rire.

    - Tu vois, tu fais le malin, mais c’est pas parce que tu fais 2 mètres que t’es balaise. T’es même pas fichue de marcher sans te casser la figure.

    L’autre abruti commençait à faire le malin, tandis que toute la cour du lycée se rassemblait autour d’eux. Une main forte vint s’écraser sur l’épaule du crétin, qui se retourna, la peur au ventre. Il l’avait oublié, lui.

    - Y’a un problème, connard ? Fit une voix grave.

    Nicolas déglutit. Il se retrouvait face à un colosse d’un mètre quatre-vingt-quatorze, champion de l’équipe de basket, enragé à l’idée qu’on ait pu oser donner un coup de poing à son frangin.

    - Euh… Non… Aucun… Je voulais juste…

    - C’est toi qu’a frapper Andrew ?

    - Non. C’était… Enfin, je l’ai pas fait exprès…

    - Ah bon ! Bah si tu l’as pas fait exprès, c’est pas grave, annonça Albin avec un sourire joviale.

    Il passa devant Nicolas pour s’approcher d’Andrew, et au passage, lui fit un croche-patte. Le gars s’écroula au sol.

    - Hey ! Mais…

    Albin, l’ignorant royalement, lui asséna un coup de pied dans l’entre jambe, puis lui balança son poing en pleine figure. Une fois, deux fois, trois fois. Puis dans le ventre. Puis il s’assit sur lui, et, trop furieux pour se contrôler, commença à lui éclater la figure au sens propre.

    - Al ! ça suffit, là ! Il a compris ! Intervint une brunette en lui attrapant le bras. Ça va, là.

    Albin respira lentement pour se calmer. Il se leva tranquillement, épousseta ses vêtements noirs, arrangea ses longs cheveux noirs.

    - Désolé, vieux. J’l’ai pas fait exprès.

    Puis il se dirigea vers son frère en haussant les épaules. C’était pas tout à fait faux, en fait. Il ne l’avait pas vraiment fait exprès. Il n’avait jamais été doué pour se contrôler.

    Quand il s’agenouilla à côté de son frère, M. Tarot sortit de l’établissement en courant.

    - Nicolas ! ça va ?

    L’intéressé ne répondit même pas, il avait totalement perdu connaissance.

    La fille, Raphaëlle, se pencha sur l’épaule d’Albin.

    - J’espère qu’il est pas mort.

    - Mais non, il l’est pas. Je lui ai juste foutu deux trois coups de points.

    - Deux trois coups de points qui, si je me rappelle bien, ont largement suffit à casser un mur, l’année dernière.

    - Ah, ça. Ça remonte à loin, lâcha-t-il, une moue sur le visage.

    - Raphaëlle ! Appela le professeur. Emmenez Andrew à l’infirmerie. J’appelle les urgences. Albin, dans le bureau du directeur.

    Raphaëlle grimaça.

    - Oui, m’sieur. Allez, viens, Andy.

    - Arrête de m’appeler comme ça, bougonna Andrew dans son sang.

     

    ------------------------------- ♣  -------------------------------

     

    Ester Barling, furieuse, accompagnait ses neveux à la sortie du lycée. Encore une fois, elle avait été convoquée pour une bagarre. Devant la grande porte, Raphaëlle attendait en tournant en rond. Ester lui proposa de la ramener en voiture, puisqu’elle n’habitait pas loin. Le trajet fut silencieux. Personne ne parla. La tension était palpable.

    Raphaëlle regardait par la fenêtre. Paris. Elle voyait les rues grises, les immeubles délavés, les arbres tristes, les gens pressés, les voitures bruyantes. Elle détestait cette ville. Elle détestait ce monde. Les seuls endroits qu’elle pouvait supporter, c’était les coins paumés. Là où on ne voyait que quelques maisons, parfois une ou deux routes, une voiture par jour. Elle rêvait d’un monde sauvage, libre. Où les humains n’auraient pas détruit la nature. Où on n’aurait pas une vie tracée dès sa naissance. Elle savait qu’Albin et Andrew partageaient cette vision du monde. Entre autre. Elle le savait, et c’était pour ça qu’ils étaient amis. Entre autre.

    Raphaëlle rêvait de voyages, Albin de liberté, Andrew de tranquillité. Et ça, ils savaient qu’ils ne l’auraient jamais que dans leurs rêves. C’est pour ça que Raphaëlle passait son temps à rêver, à lire et à écrire, pour ça qu’Albin était irascible, colérique et violent, c’est pour ça qu’Andrew était froid, silencieux et arrogant.

    Ester ignorait toutes ces choses. Elle savait que ces trois enfants étaient différents, et Mathilde, la tante de Raphaëlle, savait la même chose. Les parents de Raphaëlle et ceux des jumeaux étaient morts. Les uns dans un accident de voiture, les autres avaient attrapé un virus dans un voyage en Asie. Mathilde avait essayé de faire original en inventant cette excuse. Raphaëlle n’y avait jamais cru. Elle savait qu’il y avait un hic, un secret. Elle savait aussi que Mathilde lui dirait la vérité, un jour.

    Voilà, c’était la vie que menaient ces trois amis. Une vie qui allait très bientôt changer du tout au tout.

    En sortant de la voiture, Raphaëlle s’arrêta net. Il y avait un homme étrange, planté devant son immeuble. Il n’était peut-être pas là pour elle, mais elle avait un mauvais pressentiment. Raphaëlle avait toujours eut de l’instinct. Comme les animaux. D’ailleurs, elle avait des sens bizarres, comme les animaux aussi. L’ouïe d’un chat, l’odorat d’un chien, la vue d’un aigle. Ça aussi, ça faisait partie de ses particularités. Et Mathilde s’était toujours fiée à son instinct. Ester aussi. Les jumeaux aussi. Et ce type, là, il ne lui inspirait pas du tout confiance.

    Il avait des cheveux longs attachés en queue de cheval, mais ça, ce n’était pas un problème. Au contraire, Raphaëlle aimait les hommes aux cheveux longs. Mais lui… Avec ses yeux sombres, son regard froid, et ses habits bizarres, comme un ninja de films fantasy. Et puis il avait un sabre accroché dans le dos, quand même. Il lui fichait la trouille. Elle déglutit, et avança vers le hall de son immeuble, ignorant l’homme. Quand elle passa à côté de lui, il l’attrapa par le bras.

    - Erinmaelle Serial ?

    - Quoi ? Lâcha-t-elle, pensant qu’il s’exprimait en une autre langue.

    - Vous êtes Erinmaelle Serial ? Répéta-t-il.

    - Euh… Non. Je m’appelle Raphaëlle. Raphaëlle Maulier. Désolée.

    Aussitôt, elle se dégagea de l’inconnu, et s’approcha à pas vif de la porte pour faire le code. Mais il insista.

    - Vous êtes la nièce de Marlyana Serial ? La fille d’Asmaria et Salfaael Serial’gar ?

    - Quoi ? Mais non, j’vous dis !

    Elle commençait à paniquer. Elle lança un regard inquiet vers la rue. La voiture de Mme Barling était encore là. Elle supplia le ciel de faire apparaître Albin.

    - Hé ! Y a un problème ? Lança se dernier par la portière.

    Dieu merci !

    - Tu peux venir ? Demanda-t-elle, la voix tremblante.

    Il obtempéra aussitôt.

    - Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Ester à sa suite.

    - Je ne sais pas, avoua Raphaëlle en revenant vers eux. Ce type me fait flipper. Il arrête pas de me poser des questions bizarres. Il me demande si je m’appelle Erinmaelle Sarial.

    - Serial, corrigea l’homme. Je cherche Erinmaelle Serial, Arlanfel et Aguiral Etsar.

    Il dirigea ses yeux froids vers Ester, qui s’était figée.

    - Je ne les connais pas. Désolée. Partez.

    Sur ce, elle attrapa Raphaëlle par le bras.

    - Viens, Raphaëlle. Tu vas dormir à la maison, cette nuit. J’appellerai Mathilde.

    Surprise, elle se laissa faire. Une fois dans la voiture, Albin se pencha vers elle :

    - C’est génial, chuchota-t-il. Je massacre quelqu’un et j’ai le droit d’inviter une copine à la maison !

    - Arrête, Al. Ce gars m’a vraiment fichu la trouille.

    En réalité, ce qui lui faisait le plus peur, c’était qu’elle avait failli dire « oui » quand l’homme l’avait appelée Erinmaelle. Ce nom lui était étrangement familier.

     

    ------------------------------- ♣  -------------------------------

     

    Raphaëlle ne tarda pas à se détendre. Un matelas avait été installé entre les deux lits des jumeaux. C’était un beau tableau, pensa Ester qui observait la scène de la porte.

    A gauche, un lit bien fait, des étagères rangées, un bureau dégagé, des feuilles triées, et, assis sur le lit, tendu, Andrew, un génie de 17 ans, pâle, aux yeux bleu myosotis et aux cheveux noirs de jais, une tâche de naissance sur la joue. A droite, un lit aux draps en boule, un fouillis de choses inutiles aux niveaux des pieds, un tas d’objets indéterminés sur le bureau, et Albin, allongé nonchalamment, grand et musclé, un ballon de basket au bout des orteils, les cheveux longs et noirs, les yeux bleu électrique,  les épaules carrées et la mâchoire forte. Puis, au centre, un matelas installé par terre, des draps blancs, et Raphaëlle, avec ses cheveux auburn en queue de cheval et ses yeux noisette, enroulée autour de son oreiller.

    La sonnerie retentit à l’entrée. Ester descendit pour ouvrir la porte, elle se figea. L’homme de tout à l’heure se tenait dans l’encadrement de l’entrée.

    - Estallian Etsar ?

    - Non.

    L’homme sourit.

    - Si.

    D’un geste souple, il sortit son sabre de son fourreau, qu’il fit tournoyer d’un air menaçant. Ester cria. Elle courut jusqu’à la cuisine, mais l’homme était trop rapide. Il l’attrapa sans peine, et la plaqua contre le mur, levant son sabre pour mieux frapper… Albin se jeta sur lui, l’écrasant au sol. L’homme se débattît, et, par une impressionnante pirouette, il envoya valdinguer l’adolescent. Il cala son sabre sur la gorge du garçon, appuyant juste assez pour être sûr qu’il ne bougerait pas. L’homme eut un sourire froid. Albin remarqua, malgré sa position, un étrange blason sur son épaule, où l’on voyait un serpent dévorer un chat.

    - Tu es bien le fils de ton père, Aguiral, dit l’homme. Les mêmes yeux, les mêmes cheveux, le même visage, le même courage. La même stupidité. Pour un peu, je t’aurais pris pour lui. Et je vois que c’est toi qui a hérité de la Force. Mais ce n’est pas toi, le Voleur de Vies.

    Alors qu’il levait encore une fois son sabre pour frapper, une main pâle et frêle vint se poser sur son épaule. L’homme tourna alors son regard glacé vers Andrew. Ils s’affrontèrent du regard, longtemps, très longtemps. Du moins, c’est l’impression qu’eut Albin. L’homme commença à pâlir, à faiblir. Derrière, aux côtés d’Ester, Raphaëlle regardait la scène. Elle savait ce qui se passait. Andrew lui prenait ses forces. Ses souvenirs. Ses réflexes. Sa vie.

    - Alors c’est toi, chuchota l’homme en s’écroulant, blafard.

    Le silence ce fit sur ce duplexe du 13e arrondissement.

    - Qu’est-ce qu’on fait ? chuchota enfin Raphaëlle.

    - On appelle la police, répondit Ester. On dit qu’il a sonné à la porte, qu’il nous a menacé avec un sabre, et il s’est soudainement écroulé.

    - Ils vont croire ça, tu penses ? demanda Albin en se redressant.

    - Ils le croiront déjà beaucoup plus facilement que si je disais que mon neveu possède le pouvoir de tuer les gens rien qu’en les touchant.

    - Et le reste ? demanda Andrew.

    - Quoi, le reste ? bafouilla Ester, qui craignait le pire.

    - Tu comptais nous le dire, tout ça ?

    Elle ouvrit la bouche, la referma.

    - Tout ça quoi ? Demanda Raphaëlle.

    Ester sourit.

    - Venez. La police peut attendre.

    Elle les remmena dans la chambre, où tous s’assirent sur leur lit respectif. Ester prit une chaise, et s’assit. Comment expliquer ça ?

    - Je ne sais pas comment dire ça pour que ça soit crédible, alors… Il existe un autre monde. Voilà. Ne vous en faites pas, je sais ce que ça fait quand on entend ça. J’ai ressenti la même chose le jour où mon frère m’a annoncé que ce monde-ci existait.

    - Attends, intervint Albin, tu veux dire que toi, tu viens de l’autre monde ?

    - Oui. Et vous aussi.

    - Pardon ? s’écria Raphaëlle.

    Ester eut un pauvre sourire.

    - Vous ne vous en rappelez pas ? Vraiment pas ? c’est normal, vous étiez tout petits. Mais vous n’êtes pas nés ici.

    - Et cet autre monde, il est comment ? demanda Raphaëlle.

    Elle avait déjà encaissé la nouvelle, même si elle avait du mal à le croire. Après tout, elle savait depuis longtemps déjà qu’il existait des choses qu’on ne pouvait pas expliquer, la preuve, avec Albin, qui pouvait casser un mur d’un coup de point où courir tellement vite qu’on ne le voyait pas, la preuve, avec Andrew, capable de tuer d’un simple contact, la preuve, avec elle, dont l’instinct la mettait en garde contre tout danger, comme une petite voix en elle.

    - Sauvage. Sauvage avant tout. Il y a des hommes, bien entendu, mais contrairement à ici, ils n’y sont pas majoritaires, au contraire. Il existe juste quelques cités-Etats, dispersés sur le continent, mais à par eux, il n’y a que des forêts, des montagnes, des déserts, des plaines, des animaux et des créatures que vous qualifieriez d’étranges, mais que nous nommons hybrides ou divinités. C’est un monde dangereux, et aventurier. On qualifie de fous ceux qui osent sortir des cités.

    - Et nous, on vient de là-bas, c’est ça ? lâcha Albin, dont le cœur accélérait.

    - Oui.

    Andrew ne disait rien. Lui, il avait tout vu dans la mémoire de l’homme étrange qu’il avait tué.

    - Et comment on est arrivés ici ? demanda Raphaëlle.

    - Avant de commencer, sachez que je ne sais pas pourquoi cet homme vous cherche, du moins, pas réellement. Je sais juste ce que mon frère a bien voulu me dire.

    - Notre père ? Demanda Albin.

    - Oui.

    - Je présume qu’il n’est pas mort dans un accident de voiture comme tu nous l’as dit.

    - Non, en effet.

    Albin était crispé. Jusqu’à quel point lui avait-on mentit ? Ester commença son récit.

    - Ester Barling est le nom que j’ai pris en arrivant dans ce monde. Mon vrai nom est Estallian Etsar. J’appartenais à une famille modeste de Sarmalaï, une cité-état au sud-ouest du continent. Mon frère ainé, Jalsyanel, allait avoir 15 ans, il n’allait pas tarder à être en âge de travailler pour aider notre père. Mais ses rêves et ses ambitions se portaient bien au-delà des murs de notre cité. Puis, un jour, un homme du nom de Sarlagaël est venu, et a fait de Jalsyanel son élève. Ainsi, mon frère est entré dans une guilde nommé les Voyageurs. Il est partit, il a quitté la maison, et n’est revenu que des années plus tard, avec deux bébés âgés de deux ans. Il m’a dit qu’ils étaient en danger, qu’il fallait les emmener dans un autre monde, que s’il partait avec eux, on les retrouverait. Il m’a supplié de les cacher, et je l’ai fait. Je suis partie, et je suis venu dans ce monde grâce au pouvoir des Passeurs.

    - Et moi ? demanda Raphaëlle avant qu’elle n’ait pu reprendre son souffle.

    - Je n’ai pas connu ton père, Raphaëlle. Je sais qu’il se nommait Salfaael, et qu’il appartenait à la guilde des Cavaliers. Je sais qu’il connaissait Jalsyanel, et que tout comme lui, il a demandé à sa sœur, Marlyana, de mettre sa fille en sécurité dans ce monde. Nous nous sommes rencontrées chez les Passeurs. C’est tout ce que je peux te dire, j’en suis navrée. Si tu veux en savoir plus, il faudra demander à Mathilde.

    - Mais pourquoi on serait particulièrement en danger ? Râla Albin.

    - Je n’en sais rien, Al.

    - Moi je sais, intervint Andrew.

    Tous se tournèrent vers lui.

    - Je les vu dans ses souvenirs, expliqua-t-il en parlant de l’homme qui les avait attaqué.

    - Et pourquoi alors ?

    - Je crois que… ça a à voir avec une sorte de prophétie :

    « Cinq passeront, et le Sang du Premier en quatre sera partagé.

    Force, Instinct et Voyance seront donnés aux Trois,

    Le Voleur de Vie avec eux reviendra

    Bien plus puissant que ne l’aura été le Premier

    Et la dette pourra être payée

    Car la porte du Monde la mère lui ouvrira »

    - Et… ça veut dire quoi ? Demanda Raphaëlle.

    Andrew haussa les épaules.

    - Aucune idée. C’est ce que j’ai vu, c’est tout.

    - Et notre mère, c’est qui ? Demanda Albin, pensant que ça ne servait à rien de rester sur quelque chose qu’il ne comprenait pas.

    Ester hésita. Apparemment, c’était un sujet sensible. 

    - Jalsyanel et Salfaael se connaissaient, ils étaient amis. Mais ils sont tombés amoureux de la même femme, pas tout à fait en même temps…

    - A deux ans d’intervalle ? demanda Raphaëlle, jugeant que c’était là la différence d’âge qu’il y avait entre elle et les jumeaux.

    - Oui, avoua Ester. Je ne l’ai jamais vu. Je sais juste qu’elle s’appelle Asmaria, et que c’est une Bohémienne de la ville de Cyrinai, au sud du continent.

    - Alors je veux y aller. Je veux la voir. Et retrouver mon père, clama Albin d’une voix forte.

    - Moi aussi, ajouta Raphaëlle.

    Andrew hocha la tête en silence.

    Ester soupira.

    - Je savais que vous diriez ça.

    - Alors dis-nous comment on y va. S’il-te-plaît, Ester.

    - Je n’ai pas le pouvoir de passer entre les mondes, mais l’homme qui était là, lui, il l’avait surement. Andrew a dû lui prendre.

    L’intéressé hocha la tête de nouveau.

    - Oui. Je peux y aller.

    - Alors emmène-nous-y ! Le supplia Raphaëlle.

    - Attendez. Vous allez partir, je vous le promets, mais restez au moins ici le temps que la police emmène cet homme. Ce serait étrange que vous ayez disparus tout d’un coup. Et puis, vous êtes pyjama, et il fait nuit. Attendez demain.

     

    Chapitre 2 - La Forêt des Chasseresses

    Le lendemain, ils se levèrent tôt. Ils étaient pourtant fatigués, la police étant restée sur place presque toute la nuit. Mais ils voulaient absolument partir. Ils mirent des vêtements solides et pratiques, des bonnes chaussures, et Ester leur fit à chacun un énorme sac rempli de couverture, de médicaments et pansements, de nourriture et d’eau. Devant le regard surpris des adolescents, elle s’expliqua.

    - Le monde dans lequel vous allez pénétrer est tout ce qu’il a d’opposé à celui que vous connaissez. Il n’y a pas de gouvernement commun, presque pas de lois, encore moins d’humains, tout est sauvage, inhabité, dangereux. Vous y trouverez des créatures étranges, magiques et cruelles. Vous ne trouverez nulle part de nourriture ou d’eau potable, si ce n’est dans les villes, où il faudra les payer. Alors prenez ces provisions.

    Puis Andrew ouvrit le passage, fermant les yeux.

    Sa respira se fit lente, et tout à coup, l’air se troubla. Un trait noir et vertical se dessina, traversant la pièce de haut en bas. Le trait se sépara en deux, relié par deux barres horizontale, formant un quadrilatère qui s’élargit peu à peu, laissant place, à l’intérieur, à un tout autre paysage. Une forêt. Noire, sombre, sauvage. Des arbres au tronc énorme et noueux, couvert d’une mousse verte qui paraissait douce. Le soleil ne passait pas à travers les branches et les feuilles denses. Les arbres étaient hauts, ils mesuraient plusieurs mètres. Un frisson parcourut Raphaëlle. Pas de peur, non. D’excitation. Son instinct la poussait à passer ce portail, il le fallait, partir à l’aventure, voyager en terrain inconnu. Quinze ans qu’elle rêvait de ça. Et Albin et Andrew regardaient le portail avec la même envie, le même désir. Et Estallian sût qu’elle ne pourrait jamais les convaincre de rester. Elle parlerait à Marlyana de Raphaëlle, et couvrirait leur départ. Raphaëlle se leva, et avança vers le portail, passa la main à travers. Elle ne sentit rien. C’était comme s’il s’agissait de la continuité naturelle de l’espace, comme si, bel et bien, cette chambre se coupait en son milieu sur une forêt.

    - Alors, qu’est-ce que t’attends ? Avance !

    Raphaëlle fit la moue, mais ne répondit pas, et avança. Elle posa le pied de l’autre côté de la « ligne » invisible, et se retrouva immergée dans une forêt noire et sombre, dont les bruits étouffés et inquiétants ne firent qu’accélérer les battements de son cœur euphorique. Albin et Andrew la suivirent de près, et le portail se referma immédiatement après leur passage. Raphaëlle ferma les yeux.  L’odeur de la forêt empli son nez, sa bouche, son cerveau. Elle reversa la tête en arrière, et écouta. Des oiseaux, elle les entendait. Des rongeurs, aussi. Le vent, dans les branches.

    - Bon… Comment on fait pour trouver Cyrinai ? Demanda Albin.

    - Il faut marcher, et sortir de cette forêt, je présume, répondit Raphaëlle.

    Sans répondre, Andrew avança.

    Dans l’autre monde, Estallian fut prise d’un doute. Et s’ils étaient tombés dans la Forêt des Chasseresses ? Elle s’assit sur le lit d’Albin, et, la tête entre les mains, pria le ciel pour que ce ne soit pas le cas.

     

    ------------------------------- ♣  -------------------------------

     

    Ils avancèrent longtemps dans la forêt. Si au départ cette expérience avait été grisante, elle était à présent sincèrement inquiétante. Il faisait extrêmement sombre à cause des feuillages épais, et ils commençaient à s’inquiéter. Ils n’avaient pas la moindre idée de l’endroit où ils se trouvaient, ni même du moment de la journée. Ils marchèrent une heure, deux heures, trois heures, et leurs jambes commençaient à fatiguer, leurs sacs leur pesaient, et Andrew n’arrêtait pas de trébucher, comme à son habitude, si bien qu’Albin dût le retenir par le bras à de nombreuses reprises.

    L’ouïe affutée de Raphaëlle la fit sursauter de nombreuses fois. Elle n’été pas habituée à tant de bruitages dans un même temps, des bruits de toutes les sortes et de toutes les provenances. Mais quand elle entendit, vers la droite, le bruit d’un animal qui rampe, elle sût que ce n’était pas une fausse alerte. Un serpent. Et un gros, vu le bruit que ça faisait. Très gros, lui dit sa peau, qui sentait les mouvements de l’animal. Elle se retourne, inquiète, et fixa les fougères à côté d’elle. Le sol entier était recouvert de plantes étranges, qu’elle n’avait jamais vue. Elle était obligée d’en écraser pour passer. Et à de nombreux endroits, des sortes de marécages profonds et inquiétants serpentaient entre les arbres géants. Tout à coup, elle se figea, le bruit venait de derrière. Elle se retourna violemment. Rien. Affolée, elle fixa le sol de tous les côtés, et Albin, qui marchait loin devant, tenant Andrew par le bras, se retourna.

    - Qu’est-ce que tu fiches ? Avance !

    Elle poussa alors un grand cri. Quelque chose venait de lui attraper la jambe, et la tirait en arrière. Elle bascula au sol en continuant de crier… Et se retrouva face à un visage. Un visage de femme, caché jusqu’à lors par les feuillages. Une femme, une fille, d’une grande beauté. Un visage rond, encore marqué par l’enfance, des lèvres pulpeuses et rouges, une peau d’une pâleur extrême, et des cheveux noirs et mouillés qui traînaient par terre. Une fille, ici, aplatie par terre. Mais Raphaëlle avait peur. A cause ses yeux. Ces yeux, verts, qui brillaient d’une lueur affreuse et effrayante, la faisait trembler. Cette fille ne la regardait pas comme une humaine, elle la regardait comme un steak juteux. Raphaëlle cria de plus belle. Elle entendit Albin qui arrivait près d’elle le plus vite possible, poussant les broussailles pour passer, mais la main - car c’était une main - qui l’avait attrapée, la tirait à travers les plantes avec une force ahurissante, la faisant serpenter entre les arbres, et Raphaëlle ne pouvait s’accrocher à rien d’autre que les sortes de fougères qui parsemaient le sol, et dont les racines s’arrachaient lorsqu’elle s’y agrippait. La fille, tout en la fixant, semblait ramper, et Raphaëlle ne comprenait pas… Jusqu’à ce qu’elle aperçoive une queue. Une queue couverte d’écailles vert foncés aux rayures vert clair. Un serpent ? Non. Une fille-serpent ? Raphaëlle criait, suppliait Albin de l’aider… Bientôt, elle entendit un bruit d’eau. C’était la fille qui entrait dans les marais… Elle voulait l’y trainer… La noyer surement… C’est alors qu’une main agrippa la sienne. Albin, le regard brûlant de haine, fixait le visage aux cheveux noirs. Raphaëlle pleura de soulagement. La créature ouvrit les lèvres, et montra alors deux énormes crocs, longs et effilés, qu’elle planta dans la jambe de Raphaëlle avec hargne. Cette fois-ci, c’est de douleur qu’elle pleura. Les crocs entraient dans sa chair, et une douleur insupportable envahit tout son corps, une brûlure immonde. Elle perdit à moitié connaissance, et ne vit bientôt plus que des formes floues. Puis quelque chose de rose pâle - Une main ? - se posa sur le crâne de la créature, qui devint livide, et s’écroula à terre.

    Raphaëlle fut tirée en arrière, et Albin la berça dans ses bras.

    Petit à petit, les contours redevinrent nets, et Raphaëlle reprit sa respiration, qui s’était arrêtée l’espace d’un instant. Elle s’assit par terre, se tenant les côtes puis la cheville. Elle releva son pantalon, et découvrit une chair non seulement baignée de sang, mais aussi de couleur violette. Albin fronça les sourcils.

    - Andrew.

    L’intéressé s’approcha. Il posa avec délicatesse sa main sur la jambe de Raphaëlle, qui frémit.

    - On dirait les effets d’un venin. Mais c’est très rapide.

    - Qu’est-ce qu’on fait ? Demanda Albin.

    - Aucune idée, chuchota Andrew.

    Tout à coup, une voix retentit dans la forêt. Mais il s’agissait d’une langue qu’aucun d’eux ne connaissait. Une langue sifflante et stridente, ressemblant au sifflement d’un serpent. Paniquée à l’idée de se trouver face à une autre créature de la sorte, Raphaëlle s’agrippa violement à Albin. Celui-ci se redressa doucement, dans un silence total, et regarda autour de lui. Ses épaules se détendirent alors, et il se baissa de nouveau à la hauteur de Raphaëlle.

    - Tout va bien, c’est un humain. Enfin à première vue, mieux vaut se méfier.

    - Saska ? Dit alors la voix.

    Les adolescents restèrent silencieux, assis au sol, retenant leur respiration. Ils voulaient être sûrs qu’aucun danger ne les attendait avec cet inconnu… Inconnu qui arriva rapidement à leur hauteur. Il était vêtu de vêtements de cuir souple, et toutes sortes de lames pendaient à son dos et à sa ceinture. C’était un homme jeune, d’une vingtaine d’année, trente tout au plus. Il avait des cheveux bruns clair, mais qui paraissaient très noirs dans l’obscurité ambiante. Il était juste en face d’eux, et pourtant il ne les voyait pas. Il balayait le sol de ces yeux clairs, mais ne voyait rien. « Des yeux clairs ? » Pensa Raphaëlle. Trop clairs. « Il est aveugle » comprit-elle.

    - Saska ? Répéta-t-il.

    Albin se décida alors à parler.

    - Bonjour.

    L’homme sursauta, mais répondit dans une langue normale.

    - Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ?

    - Je m’appelle Albin. Je suis avec mon frère Andrew et mon amie Raphaëlle. Nous venons d’être attaqués par une étrange créature, et mon amie est blessée.

    - Une étrange créature ? Que lui avez-vous fait ? Où est-elle ? S’écria alors l’inconnu.

    Surpris, ils échangèrent un regard ahuris. Ce fut Andrew qui répondit.

    - Juste à côté. Elle n’est pas morte. Juste inconsciente.

    L’homme se détendit alors, tandis qu’au contraire, Raphaëlle se recroquevillait. Pas morte ? Et pourquoi diable l’avait-il épargné ? Un sourire se peignit alors sur le visage doux et délicat du jeune homme, qui se frotta la tête de sa main droite.

    - Je vois. Merci de ne pas l’avoir tuée. C’est qu’elle ne réalise pas, vous comprenez. Vous disiez qu’elle avait blessée l’une d’entre vous ? Qu’a-t-elle ?

    - Elle m’a mordu, répondit Raphaëlle avec verve. Et ça fait mal !

    Il hocha la tête avec un sourire compréhensif.

    - Je veux bien vous croire. Je présume qu’elle a dû vous injecter du venin ? Dans ce cas, venez avec moi, je vais vous soignez, ça vaut mieux.

    - Merci, répondit Albin, reconnaissant.

    - C’est la moindre des choses. Au fait, je m’appelle Davirlay, enchanté.

    Il leur tendit une main grande et forte, qu’Albin serra avec joie.

     

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    Davirlay les mena à travers la forêt. Il avait pris soin de récupérer la créature, « Saska », comme il l’appelait, et la portait comme un enfant. On voyait pendre d’un côté les cheveux noirs et de l’autre la queue longue et écailleuse de l’hybride. Ce Davirlay était sans aucun doute aveugle, et pourtant il marchait à travers les broussailles sans soucis, évitant les arbres aussi facilement que s’il les voyait. Le plus impressionnant était sans doute sa façon de marcher. Tel un félin, il se déplaçait en silence avec une souplesse folle. Lorsqu’il posait ses pieds au sol, et qu’il écrasait la tige d’une fougère, pas un bruit n’en découlait. Il remarquait tout, le moindre geste, le moindre mot, il le remarquait. Rien ne lui échappait.

    La jambe de Raphaëlle avait enflée, et elle était beaucoup trop douloureuse pour marcher, c’est la raison pour laquelle Albin se voyait forcer de la soutenir. Andrew n’en n’était pas désavantager, car à boiter, Raphaëlle ralentissait très largement la petite troupe. Davirlay se forçait d’ailleurs à marcher lentement, et ça se sentait. Il ne s’énervait pas et se montrait très compréhensif.

    - J’ai déjà était mordu par de nombreuses vouivre, expliqua-t-il, je sais que ça fait mal.

    - Des vouivres ? Répéta Albin. C’est comme ça que ça s’appelle, ces trucs ?

    Cette remarque sembla beaucoup vexer Davirlay, qui posa sur Albin un regard aveugle et furieux.

    - « Ces trucs » sont des êtres vivants à part entière. Ils ont une âme, des pensées, un cœur, une langue, une culture, un mode de vie, gronda-t-il.

    Et sans dire un mot de plus, il partit, et accéléra cette fois-ci considérablement le pas. Ce fut Raphaëlle qui lui rappela qu’elle ne pouvait pas marcher correctement, et il ne tarda pas à s’excuser auprès d’elle.

    Ils marchèrent près d’une demi-heure, peut-être plus, peut-être moins, et Davirlay s’arrêta au pied d’un arbre au tronc gigantesque, que ce soit en hauteur ou en largueur. Il déposa « Saska » sur un tapis de fougères avec une grande douceur, et posa sa main sur une branche basse de l’arbre.

    - Attendez-moi là, ordonna-t-il.

    Et sans attendre de réponse, il s’agrippa à la branche, et monta dessus. Puis il fit de même avec la branche du dessus, et encore celle d’après, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il parvienne - et Raphaëlle ne s’en aperçut qu’à ce moment là - à une cabane de bois, à près de 5 mètres du sol. Bientôt, une sorte de radeau en bois descendit jusqu’en bas grâce à deux cordes qui le retenaient, et qui devaient être tirées par Davirlay. Jugeant que ce n’était pas très prudent d’y aller à deux, Raphaëlle monta la première. Son cœur battit à tout rompre pendant toute la montée, et elle fut bien soulagée de parvenir à destination. Davirlay l’aida à descendre du radeau et la fit asseoir à l’intérieur de la cabane, sur une couchette sommaire. Il retourna à ses poulies pour faire monter Andrew, et Raphaëlle en profita pour observer l’intérieur de la cabane. D’ailleurs, ce mot n’était pas tout à fait approprié, pensa-t-elle. Trop grand. Beaucoup trop grand. Cette… ce cabanon était minuscule. Et elle n’était pas franchement sûre qu’ils tiennent tous les quatre dedans.

    Elle était assise sur une couchette, dont le « matelas » était apparemment fait de feuilles et recouvert d’un voile de tissu. Ce n’était pas du tout agréable, et elle se demanda bien comment il faisait pour dormir là-dessus. En face de la couchette se trouvait une table basse en bois brute, accompagné d’un rondin qui devait servir de chaise. A la tête de la couchette, contre le coin du mur, quelques tenues de cuir étaient pliées et entassées, accompagnées de nombreux fourreaux, lames, arc, flèches, et toutes autres sortes d’armes et d’objets étranges qu’elle n’avait jamais vu et dont elle n’osait imaginer l’utilité.

    C’était tout. Rien d’autre ne se trouvait ici. Un toit en bois, les murs en bois, le sol en bois. Le mur d’en face ne faisait qu’un avec le tronc de l’arbre, ce qui le rendait arrondi. Les autres murs comportaient tous des fenêtres larges, mais sans vitre, et des volets proéminents permettaient de les fermer pour la nuit. Le mur de droite s’ouvrait sur une grande fente, qui devait faire office de porte, c’était par-là qu’elle était entrée.

    Andrew ne tarda pas à entrer lui aussi. Alors que Davirlay s’apprêtait à faire redescendre son radeau, Albin passa la porte.

    - C’est bon, je me suis débrouillé, lâcha-t-il avec fierté, ce qui tira un sourire amusé à Davirlay.

    Celui-ci s’approcha de Raphaëlle, et prit sa jambe, qu’il effleura de ses doigts puissants. La cheville avait pris une étrange couleur, mélange de violet et de jaune, marron caramel sur les bords, et surtout, &

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